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ploum.net :

le blog de Lionel Dricot
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Mais c’est plus joli !

ploum.net par Ploum le 05/12/2025 à 01:00:00 - Favoriser ||  Lu/Non lu

Mais c’est plus joli !

La nouvelle version de votre site web est inutilisable, vos emails sont longs et illisibles, vos slides et vos graphiques sont creux. Mais j’entends bien votre argument pour justifier toute cette merde :

C’est plus joli !

On fout tout en l’air pour faire « joli ». Même les icônes des applications sont devenues indistinguables les unes des autres, car « c’est plus joli ».

Le joli nous tue !

R.L. Dane réalise que ce qui lui manque le plus est son ordinateur en noir et blanc. Non pas parce qu’il veut revenir au noir et blanc, mais parce que le fait que certains ordinateurs soient en noir et blanc forçait les designeurs à créer des interfaces lisibles et simples dans toutes les conditions.

C’est exactement ce que je reproche à tous les sites web modernes et toutes les apps. Les concepteurs devraient être forcés de les utiliser sur un vieil ordinateur ou sur un smartphone un peu ancien. C’est joli si on a justement le dernier smartphone avec les derniers espiogiciels à la mode.

Je conchie le « joli ». Le joli, c’est la déculture totale, c’est Trump qui fout des dorures partout, c’est le règne du kitch et de l’incompétence. Votre outil est joli simplement parce que vous ne savez pas l’utiliser ! Parce que vous avez oublié que des gens compétents peuvent l’utiliser. Le joli s’oppose à la praticité.

Le joli s’oppose au beau.

Le beau est profond, artistique, réfléchi, simple. Le beau requiert une éducation, une difficulté. Un artisan chevronné s’émerveille devant la finesse et la simplicité d’un outil. Le consommateur décérébré lui préfère la version avec des paillettes. Le mélomane apprécie une interprétation dans une salle de concert là où votre enceinte connectée impose un bruit terne et sans relief à tous les passants dans le parc. Le joli rajoute au beau une lettre qui le transforme : le beauf !

Oui, vos logorrhées ChatGPTesques sont beaufs. Vos images générées par Midjourney sont le comble du mauvais goût. Votre chaîne YouTube est effrayante de banalités. Vos podcasts ne sont qu’un comblage d’ennui durant votre jogging. Le énième redesign de votre app n’est que la marque de votre inculture. Vos slides PowerPoint et vos posts LinkedIn sont à la limite du crétinisme clinique.

Thierry Crouzet parle de l’addiction à plaire. Mais même cela est faux. On ne veut pas réellement plaire, juste obéir à des algorithmes pour augmenter notre nombre de followers. On veut un profil qui fait « joli ».

Contre le rose bonbon kitch, le headbanging. Contre le technofascisme, le technopunk ringard !

Oui, mais, ça marche !

Le joli est un bonbon, une sucrerie. Cela n’a jamais été aussi vrai que sur les réseaux sociaux, une analogie que j’utilise depuis plus d’une décennie.

Sur son gemlog, Asquare approndit le concept de manière très intéressante : iel suggère que moins les sucreries sont bonnes, plus on en consomme. (oui, c’est sur Gemini, un truc pas joli pour lequel il faut un navigateur dédié et ça n’a rien à voir avec l’IA de Google)

Et ça a du sens : si vous mangez un morceau d’un excellent chocolat avec une tasse de thé de qualité, vous n’aurez pas envie d’en prendre 10 morceaux, de vous gaver. À l’inverse, un chocolat industriel donne une légère satisfaction, mais pas suffisante, on en veut toujours plus.

C’est pareil avec les réseaux sociaux : au plus vous scrollez sur des trucs vaguement intéressants, au plus vous continuez. La merde est addictive ! Et au plus il y a du contenu, au plus la qualité moyenne baisse, cela a été démontré.

Ce qui n’est pas sympa pour la merde, car, comme me le signalent de nombreux lecteurs, la merde est un excellent compost pour faire pousser de bonnes choses. Ce n’est pas le cas des réseaux sociaux, qui font surtout pousser le crétinisme et le fascisme.

À l’opposé de cette « jolie merde », si vous êtes abonnés, comme moi, à d’excellents blogs, vous lisez un article et cela vous fait réfléchir. Le carnet de Thierry Crouzet de novembre, par exemple, me fait beaucoup réfléchir. Après l’avoir lu, je n’ai pas envie de papillonner. Je m’arrête, je me pose des questions, j’ai envie d’y penser, mais aussi de le savourer.

Mais rien ne vaut pour moi la saveur, la beauté d’un bon livre !

L’artisanat derrière la beauté des livres

Je rencontre trop de gens qui me confient aimer beaucoup la lecture, mais n’avoir « plus le temps de lire ». Les mêmes, par contre, sont hyper actifs sur les réseaux sociaux, sur d’infinis groupes Whatsapp ou Discord. C’est comme prétendre n’avoir pas assez faim pour manger ses légumes parce qu’on mange des bonbons toute la journée. Forcément, on a un distributeur dans notre poche ! Et le bonbon n’étant pas vraiment satisfaisant, on reprend un autre… C’est pareil pour certains livres à grand succès produits à la chaîne !

Mais je parlais plus haut du fait qu’apprécier la beauté nécessite la compétence. Les éditions PVH ont justement décidé de se mettre à nu, d’exposer le travail derrière chaque livre pour justifier le prix de l’objet. C’est quelque chose que je remarque : mieux on comprend un travail, au plus on l’apprécie. Cela s’oppose à la nourriture industrielle sous blister qui présuppose de « ne pas savoir comment c’est fait ».

Outre ces explications, deux de mes livres sont à -50% jusqu’au 15 décembre. Si vous n’avez pas de librairie près de chez vous, c’est l’occasion de rentabiliser les frais de port (qui ont explosé, merci la poste française).

L’artisanat derrière l’écriture

PVH vient de sortir un roman de fantasy écrit à 10 mains : « Le bastion des dégradés ».

Julien Hirt, un des co-auteurs et l’auteur de Carcinopolis (que je recommande chaudement si vous n’êtes pas une âme sensible), nous décrit le processus dans un billet passionnant.

Les auteurs sont comme les chats : il est notoirement difficile de leur apprendre à marcher au pas.

À la lecture du billet, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est que je suis impatient de lire ce roman. Ce sont tout·e·s des potes dont j’ai lu au moins un des romans, le mélange doit être ébouriffant !

La seconde chose, c’est que ça donne envie de faire pareil. Je regrette de ne pas vivre en Suisse. Comme dit Julien, la Suisse romande est à la fantasy ce que la Scandinavie est au polar. Mais moi, je suis en Belgique !

Bon, après, j’avoue que déjà je suis plus SF que fantasy, mais écrire dans un cloud en chattant, ce serait très très difficile pour moi. Je serais plutôt du genre à vouloir écrire dans un dépôt git en échangeant sur une mailing-liste. Un peu comme si je développais un logiciel libre. Comme le dit Marcello Vitali-Rosati, l’outil a une énorme influence sur l’écriture.

Je ferais plus facilement partie d’un collectif geek-SF, dans la mouvance Neal Stephenson/Charlie Stross/Cory Doctorow. Mais, comme le dit très bien Julien, il faut trouver des complémentarités. Les geeks-SF manquent trop souvent de poésie.

Je repousse sans cesse l’écriture de la suite de Printeurs, mais plus j’y pense, plus je crois que ça pourrait être un projet collectif. J’aime beaucoup par exemple « Chroniques d’un crevard », nouvelle issue du Recueil de Nakamoto. Je trouve que l’univers est parfaitement compatible avec celui de Printeurs.

Trouver le beau derrière le joli

Vous voyez le résultat ? Le fait de tenter de consommer de bonnes choses me donne des idées, me donne envie de produire moi-même des choses. J’éprouve de la gratitude envers les gens qui écrivent des choses que j’aime et avec qui je peux échanger « entre êtres humains ». C’est parfois tellement fort que j’ai l’impression d’être dans un âge d’or !

Bon, peut-être un peu trop, car j’ai trop d’idées qui se bousculent, je rencontre trop de gens intéressants. Finalement, la beauté est partout dès qu’on fait l’effort de mettre maintenir le « joli » à distance. S’il n’y avait pas tant de belles choses à découvrir, je pourrais peut-être me consacrer plus à l’écriture…

Sous les jolis pavés, la beauté de la plage !

Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) !

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Is Pixelfed sawing off the branch that the Fediverse is sitting on?

ploum.net par Ploum le 04/12/2025 à 01:00:00 - Favoriser ||  Lu/Non lu

Is Pixelfed sawing off the branch that the Fediverse is sitting on?

In January 2025, I became aware that there was a real problem with Pixelfed, the "Instagram inspired Fediverse client". The problem is threatening the whole Fediverse. As Pixelfed received a lot of media attention, I choose to wait. In March 2025, I decided that the situation was quieter and wrote an email to Dansup, Pixelfed’s maintainer, with an early draft of this post. Dan’s promptly replied, in a friendly tone. But didn’t want to acknowledge the problem which I’ve confirmed many times with Pixelfed users. I want to bring the debate on the public place. If I’m wrong, I will at least understand why. If Dan is wrong on this very specific issue, we will at least open the debate.

This post will be shared to my Fediverse audience through my @ploum@mamot.fr Mastodon account. But Pixelfed users will not see it. Even if they follow me, even if many people they follow boost it. Instead, they will see a picture of my broken keyboard that I posted a week ago.

The latest post of Ploum according to Pixelfed.
The latest post of Ploum according to Pixelfed.

That’s because, despite its name, Pixelfed is NOT a true Fediverse application. It does NOT respect the ActivityPub protocol. Any Pixelfed user following my @ploum@mamot.fr will only see a very small fraction of what I post. They may not see anything from me for months.

But why? Simple! The Pixelfed app has unilaterally decided not to display most Fediverse posts for the arbitrary reason that they do not contain a picture.

This is done on purpose and by design. Pixelfed is designed to mimic Instagram. Displaying text without pictures was deliberately removed from the code (it was possible in previous versions) in order to make the interface prettier.

This is unlike a previous problem where Pixelfed would allow unauthorised users to read private posts from unknowing fediverse users, which was promptly fixed.

In this case, we are dealing with a conscious design decision by the developers. Being pretty is more important than transmitting messages.

Technically, this means that a Pixelfed user P will think that he follows someone but will miss most of the content. On the opposite, the sender, for example a Mastodon user M, will believe that P has received his message because M follows him.

This is a grave abuse of the protocol: messages are silently dropped. It stands against everything the Fediverse is trying to do: allow users to communicate. My experience with open protocols allows me to say that it is a critical problem and that it cannot be tolerated. Would you settle for a mail provider which silently drop all emails you receive if they contain the letter "P"?

The principle behind a communication protocol is to create trust that messages are transmitted. Those messages could, of course, be filtered by the users but those filters should be manually triggered and always removable. If a message is not delivered, the sender should be notified.

In 2025, I’ve read several articles about people trying the Fediverse but leaving it because "there’s not enough content despites following lot of people". Due to the Pixelfed buzz in January, I’m now wondering: "how many of those people were using Pixelfed and effectively missing most of the Fediverse content?"

The importance of respecting the protocol

I cannot stress enough how important that problem is.

If Pixelfed becomes a significant actor, its position will gravely undermine the ActivityPub protocol to the point of making it meaningless.

Imagine a new client, TextFed, that will never display posts with pictures. That makes as much sense as the opposite. Lots of people, like me, find pictures disturbing and some people cannot see pictures at all. So TextFed makes as much sense as Pixelfed. Once you have TextFed, you realise that TextFed and PixelFed users can follow each other, they can comment on post from Mastodon users, they can exchange private messages but they will never be able to see post from each other.

For any normal users, there’s no real way to understand that they miss some messages. And even if you do, it is very hard to find that the cause is the absence of pictures in them make them "not pretty enough" to Pixelfed developers. Worse of all : some Mastodon posts do contain a picture but are not displayed in Pixelfed. That’s because the picture is from a link preview and was not manually uploaded. Try to explain that to your friends that reluctantly followed you on the Fediverse. Have a look at any Mastodon account and try to guess which posts will we showed to the Pixelfed followers!

That’s not something any normal human is supposed to understand. For Pixelfed users, there’s no way to see they are missing on some content. For Mastodon users, there’s no way to see that some of their audience is missing on some content.

With the trust in the protocol broken, people will revert to create Mastodon accounts to follow Mastodon, Pixelfed accounts to follow Pixelfed and Textfed to follow Textfed. Even if it is not 100% needed, that’s the first intuition. It’s already happening around me: I’ve witnessed multiple people with a Mastodon account creating a Pixelfed account to follow Pixelfed users. They do this naturally because they were used to do that with Twitter and Instagram.

Congratulations, you have successfully broken ActivityPub and, as a result, the whole Fediverse. What Meta was not able to do with Threads, the Fediverse did it to itself. Because it was prettier.

Pixelfed will be forced to comply anyway

Now, imagine for a moment that Pixelfed takes off (which is something I wish for and would be healthy for the Fediverse) and that interactions are strong between Mastodon users and Pixelfed users (also something I wish for). I let you imagine how many bug reports developers will receive about "some posts are not appearing in my followers timeline" or "not appearing in my timeline".

This will result in a heavy pressure for Pixelfed devs to implement text-only messages. They will, at some point, be forced to comply, having eroded trust in the Fediverse for nothing.

Once a major actor in a decentralised network starts to mess with the protocol, there are only two possible output: either that actor lose steam or that actor becomes dominant enough to impose its own vision of the protocol. In fact, there’s a third option: the whole protocol becomes irrelevant because nobody trust it anymore.

What if Pixelfed becomes dominant?

But imagine that Pixelfed is now so important that they can stick to their guns and refuse to display text messages.

Well, there’s a simple answer: every other fediverse software will now add an image with every post. Mastodon will probably gain a configurable "default picture to attach to every post so your posts are displayed in Pixelfed".

And now, without having formerly formalised it, the ActivityPub protocol requires every message to have a picture.

That’s how protocol works. It already happened: that’s how all mail clients started to implement the winmail.dat bug.

Sysadmins handling storage and bandwidth for the Fediverse thank you in advance.

We are not there yet

Fortunately, we are not there yet. Pixelfed is still brand new. It still can go back to displaying every message an end user expect to see when following another Fediverse user.

I stress out that it should be by default, not a hidden setting. Nearly all Pixelfed users I’ve asked were unaware of that problem. They thought that if they follow someone on the Fediverse, they should, by default, see all their public posts.

There’s no negotiation. No warning on the Pixelfed website will be enough. In a federated communication system, filters should be opt-in. If fact, that’s what older versions of Pixelfed were doing.

But, while text messages MUST be displayed by default (MUST as in RFC), they can still me displayed as less important. For example, one could imagine having them smaller or whatever you find pretty as long as it is clear that the message is there. I trust Pixelfed devs to be creative here.

The Fediverse is growing. The Fediverse is working well. The Fediverse is a tool that we urgently ned in those trying times. Let’s not saw off the branch on which we stand when we need it the most.

UPDATE: Dansup, Pixelfed Creator, replied the following on Mastodon:

We are working on several major updates, and while I believe that Pixelfed should only show photo posts, that decision should be up to each user, which we are working to support.

I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress.

I write science-fiction novels in French. For Bikepunk, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, contact me!

Don’t Do Snake Oil Writing

ploum.net par Ploum le 26/11/2025 à 01:00:00 - Favoriser ||  Lu/Non lu

Don’t Do Snake Oil Writing

In computer security, it is often said that the fact you don’t see any vulnerability in the code you write is no proof that your code is secure. It is proof that you are blind to all the mistakes you made in your shitty code.

The less competent you are, the more confident you will be and the more vulnerable code you will write.

And people will exploit vulnerabilities of your code. Even if you honestly believe in your aptitude, you will end up writing "snake-oil" security systems.

But I’m not a cryptographer. I’m a writer.

When you use an LLM to generate text, the fact that you find the output good doesn’t mean that it is good. It only means that you are blind to the shit you’ve generated.

The simple idea that you think you could get people read your bland generated text and not notice is the proof that you are totally incompetent at writing. You should not trust yourself with that the same way I would never trust myself to check if LLM-generated source code is secure.

Did you really expect nobody to notice that your text was generated? Seriously?

People will notice how stupid your writing is. Some, like myself, will be offended. Other will simply walk away with a bad feeling. One sure is certain: nobody will think it is interesting. Nobody will care about what you wrote. People will simply stop reading you. People will stop sharing you, stop discussing about your writing.

Because you are doing snake-oil writing.

Fortunately, the cure is very simple.

Even if you think that what you produce is bad, be honest, straight. People will notice that you want to improve. Some will even offer advice. You will learn. You will make mistakes, which is an essential part of learning. If you acknowledge those mistakes, people will appreciate your work even more.

Writing secure code is not about magical genius thinking from behind a Guy Fawkes mask. It is about tediously learning patterns of vulnerabilities, about humility that you can’t catch everything alone.

Writing text is not about doing beautiful sentences. It is thinking about the information you really want to transmit. Some really good writers make awful sentences. But they are still good because each sentence gives you something, because you feel information and emotions flowing from the writer to you.

If you are tempted to use an LLM to generate a text, don’t publish the output of the LLM. Publish the prompt! That’s where your information is. It is what people want to hear.

You were tricked into doubting your own ability to write and to use a very costly text generator instead of trusting yourself. This impairs your ability to learn, to improve while insulting all the people that may read you. Like a cocaine addict, you are destroying yourself and destroying your reputation by screaming like a maniac. But you feel good because your brain is altered to believe that "you are better and more productive".

Stop the slop while you can.

If you are holding an MBA and using LLM to generate marketing content, it may be too late. If that’s the case, follow Bill Hicks advice and, please, kill yourself!

I’m Ploum, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress.

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Nos comptoirs virtuels

ploum.net par Ploum le 21/11/2025 à 01:00:00 - Favoriser ||  Lu/Non lu

Nos comptoirs virtuels

La façade d’un grand café parisien. Zoom sur l’enseigne un peu décrépie ornée d’un pouce blanc sur fond de peinture écaillée : « Le Facebook ».

Intérieur bondé. Moyenne d’âge : 55-60 ans. Les murs sont recouverts de publicité. Les clients sont visiblement tous des habitués et alternent entre ballons de rouge et bières.

— Depuis qu’on peut plus fumer, c’est quand même plus pareil.
— Tout ça c’est la faute de communisses sissgenres !
— Les quois ?
— Les sissgenres. C’est un mot qu’y disent pour légaliser la pédophilie.
— Je croyais qu’on disait transse ?
— C’pareil. Enfin, je crois. Un truc de tarlouzes.
— En tout cas, on peut même plus se rouler une clope en paix !

Une voix résonne provenant d’une table voisine :
— Mon petit fils a fait premier au concours de poésie de son lycée.

Toute la salle crie « Bravo ! » et applaudit pendant 3 secondes avant de reprendre les conversations comme si rien ne s’était passé.

Fondu

Une cafétéria aux murs blancs couverts de posters motivationnels dont les images sont très visiblement générées par IA. Les clients portent tous des costumes-cravates ou des tailleurs un peu cheap, mais qui font illusion de loin. Tous consomment du café dans un gobelet en plastique qu’ils remuent légèrement avec une touillette en bois. Un petit pot contient des touillettes usagées sous une inscription « Pour sauver la planète, recyclez vos touillettes ! »

Gros plan sur Armand, visage bien rasé, lunettes, pommettes saillantes. Il a l’air stressé, mais essaie d’en imposer avec son sourire nerveux.

— Depuis que je fréquente « Le Linkedin », mon rendement de conversion client a augmenté de 3% et j’ai été officiellement nommé Marketing Story Customers Deputy Manager. C’est une belle réussite que je dois à mon réseau.

La caméra s’éloigne. On constate que, comme tous les autres clients, il est seul à sa table et en train de parler à un robot qui acquiesce machinalement.

Fondu

L’endroit branché avec des lumières colorées qui clignotent et de la musique tellement à fond que tu ne sais pas passer commande autrement qu’en hurlant. Des néons hyper design dessinent le nom du bar : « Instagram »

Les cocktails coûtent un mois de salaire, sont faits avec des jus de fruits en boîte. De temps en temps, un client fait une crise d’épilepsie, mais tout le monde trouve ça normal. Et puis les murs sont recouverts de posters géants représentant des paysages somptueux.

La barbe de trois jours soigneusement travaillée, Youri-Maxime pointe un poster à sa compagne.
— Cette photo est magnifique, on doit absolument aller là-bas !

Estelle n’a pas 30 ans, mais son visage est gonflé par la chirurgie esthétique. Sans regarder son compagnon, elle répond :
— Excellente idée, on prendra une photo là, je mettrai mon bikini jaune MachinBazar(TM) et je me ferai un maquillage BrolTruc(TM).
— Trop génial, répond le mec sans quitte des yeux son smartphone. Il me tarde de pouvoir partager la photo !

Fondu

Un ancien entrepôt qui a été transformé en loft de luxe. Briques nues, tuyauteries apparentes. Mais c’est intentionnel. Cependant, on sent que l’endroit n’est plus vraiment entretenu. Il y a des la poussière. Des détritus s’accumulent dans un coin. Les toilettes refoulent. Ça pue la merde dans tout le bar.

Au mur, un grand panneau bleu est barré d’un grand X noir. En dessous, on peut lire, à moitié effacé : « Twitter ».

Dans des pulls élimés et des pantalons de velours, une bande d’habitués est assise à une table. Chacun tape frénétiquement sur le clavier repliable de sa tablette.

Une bande de voyous s’approchent. Ils ont des tatouages en forme de croix gammées, d’aigles, de symboles vaguement nordiques. Ils interpellent les habitués.

— Eh, les mecs ! Vous faites quoi ?
— Nous sommes des journalistes, on écrit des articles. Ça fait 15 ans qu’on vient ici pour travailler.
— Et vous écrivez sur quoi ?
— Sur la démocratie, les droits des trans…

Un nazi a violemment donné un coup de batte de baseball sur la table, éclatant les verres des journalistes.

— Euh, enchaine aussitôt un autre journaliste, on écrit surtout sur le grand remplacement, sur les dangers du wokisme.

Le nazi renifle.

— Vous êtes cool les mecs, continuez !

Fondu

Exactement le même entrepôt sauf que cette fois-ci tout est propre. Le panneau, tout nouveau, indique « Bluesky ». Quand on s’approche des murs, on se rend compte qu’ils sont en fait en carton. Il s’agit d’un décor de cinéma !

Il n’y a pas d’habitués, le bar vient d’ouvrir.

— Bienvenue, lance le patron a la foule qui entre. Je sais que vous ne voulez pas rester à côté, car c’est devenu sale et rempli de nazis. Ici, pas de risque. Tout est pareil, mais décentralisé.

La foule pousse un soupir de satisfaction. Un client fronce les sourcils.

— En quoi est-ce décentralisé ? C’est pareil que…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Le patron a claqué des doigts et deux cerbères sortis de nulle part le poussent dehors.

— C’est décentralisé, continue le patron, et c’est moi qui prends les commandes.
— Chouette, murmure un client. On va pouvoir avoir l’impression de faire un truc nouveau sans rien changer.
— En plus, on peut lui faire confiance, réplique un autre. C’est le patron de l’ancien bar. Il l’a revendu à un nazi et a pris une partie de l’argent pour ouvrir celui-ci.
— Alors, c’est clairement un gage de confiance !

Fondu

Une vielle grange avec de la paille par terre. Il y a des poules, on entend un mouton bêler.

Un type dans une chemise à carreaux élimée appuie sur un vieux thermo pour en tirer de la bouillasse qu’il tend à ses clients.

— C’est du bio issu du commerce équitable, dit-il. Du Honduras. Ou du Nicaragua ? Faut que je vérifie…
— Merci, répond une grande femme aux cheveux mauves d’un côté du crâne, rasés de l’autre côté.

Elle a un énorme piercing dans le nez, une jupe en voilettes, des bas résille troués et des chaussettes aux couleurs du drapeau trans qui lui remontent jusqu’aux genoux. Elle va s’asseoir devant une vieille table en tréteaux sur laquelle un type barbu en t-shirt « FOSDEM 2004 » tape fiévreusement sur le clavier d’un ordinateur Atari qui prend la moitié de la table. Des câbles sortent de partout.

Arrive une vieille dame aux yeux pétillants. Elle s’appuie sur une canne d’une main, tire un cabas à roulettes de l’autre.

— Bonjour tout le monde ! Vous allez bien aujourd’hui ?

Tout le monde répond des trucs différents en même temps, une poule s’affole et s’envole sur la table en caquetant. La vieille dame ouvre son cabas, faisant tomber une pile de livres de la Pléiade, un Guillaume Musso et une botte de poireaux.

— Regardez ce que je nous ai fait ! Une enseigne pour mettre devant le portail.

Elle déplie un ouvrage au crochet de plusieurs mètres de long. Inscrit en lettres de laine aux coloris plus que douteux, on peut vaguement déchiffrer « Mastodon ». Si on penche la tête et qu’on cligne des yeux.

— Bravo ! C’est magnifique ! entonne une cliente.
— Il fallait dire « Fediverse » dit un autre.
— Est-ce que ça ne rend pas l’endroit un peu trop commercial ? Faudrait pas qu’on devienne comme le bar à néon d’en face.
— Ouais, c’est sûr, c’est le risque. Faudrait que les clients d’en face viennent ici, mais sans que ce soit commercial.
— C’est de la laine bio, continue la vieille dame.

Dans l’étable, une vache mugit.

Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) !

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La complainte du technopunk ringard

ploum.net par Ploum le 17/11/2025 à 01:00:00 - Favoriser ||  Lu/Non lu

La complainte du technopunk ringard

Certains d’entre vous me lisent en étant abonnés via RSS ou via la newsletter. D’autres tombent par hasard sur certains de mes billets lorsque ceux-ci sont partagés sur des forums ou des réseaux sociaux. Peut-être que ce billet est le premier que vous découvrez de ce blog ! Si c’est le cas, bienvenue !

Mais il existe une troisième catégorie de lecteurs et lectrices : celles et ceux qui, tout simplement, se décident à aller de temps en temps sur ce site pour voir si j’ai publié des articles et si les titres les intéressent.

Étant moi-même accro au RSS, fréquentant des blogueurs qui parlent de leur nombre d’abonnés, de leurs mailings-listes, j’oublie trop souvent que cette simple solution est possible. C’est un lecteur qui me l’a expliqué lors d’une séance de dédicaces :

— Je suis ton blog depuis des années, j’ai presque tout lu depuis au moins 10 ans !
— Ah, génial. Tu es abonné au RSS ?
— Non.
— À la mailing-liste ?
— Non.
— Tu me suis sur Mastodon ?
— Non, je n’utilise pas les réseaux sociaux.
— Comment tu fais alors pour me suivre ?
— Ben, de temps en temps, je me demande si t’as écrit un article et je tape « www.ploum.net » dans la barre de mon navigateur et je rattrape mon retard.
— …

Enfoncé le ploum ! Lorsqu’on est le nez dans le guidon comme moi, on oublie parfois la simplicité, la liberté du web. Influencé malgré moi par une faune linkedinesque de junkies des statistiques, j’oublie trop souvent qu’un billet de blog s’adresse aussi (et même avant tout) à des personnes qui ne me connaissent pas, qui n’ont pas lu tous mes billets depuis 6 mois, qui ne savent pas ce qu’est le protocole Gemini.

Le papillonnage, la sérendipité sont l’essence de l’être humain. Et, cerise sur le gâteau, il est impossible de comptabiliser, de quantifier ce genre de lecteurs. Un usage autrefois normal, mais aujourd’hui incroyablement rebelle et anticapitaliste du web. Un usage technopunk !

La fin des crêtes

Non, je n’ai jamais porté de crête colorée ni de veste à clous. Mais je roule à vélo ! D’ailleurs, mon dernier roman s’intitule « Bikepunk ».

Dans son livre « L’odyssée du pingouin cannibale », le dandy punk Yann Kerninon fait une analyse intéressante du mouvement punk. Si celui-ci était indéniablement provocant et choquant dans les années 70, il est devenu ensuite la norme. Hurler, baiser et se bourrer la gueule ne sont que des choses normales, divertissantes. Kurt Cobain, héritier du mouvement punk, s’est suicidé lorsqu’il a compris que sa rébellion, son dégoût du système n’était qu’un énième spectacle consolidant le système en question.

La crête colorée n’est plus choquante, au contraire, elle rapportera des likes sur Instagram ! Ce qui devient punk, ce qui choque, c’est d’envoyer chier toutes les métriques, de refuser les diktats (des réseaux) sociaux, d’utiliser un dumbphone, de ne pas être sur Whatsapp, de ne pas être au courant des résultats des matchs de foot ni même du nom de l’émission de télé à la mode.

Essayez et vous verrez que votre entourage vous regardera avec un air d’incompréhension totale. De choc !

Alors que si vous hurlez « No Future » sur une place, je suis sûr que les passants vous filmeront pour récolter des likes.

Le rejet de la mode

La philosophie punk, à la base, c’est le refus total de la mode, de la tendance. Être technopunk, c’est donc se passionner pour les technologies vieilles, ennuyantes, sans budget marketing.

Terence Eden parle de ces technologies ouvertes qui existent en arrière-plan, n’attendant que l’occasion propice pour révéler leur utilité. La radio amateur. Les QR codes, qui ont soudain été popularisés durant la pandémie, parce que soudainement nécessaire.

Il en est de même selon lui pour le Fediverse : personne ne le remarque encore. Mais il est là et le restera jusqu’au moment où on aura besoin de lui. Le rachat de Twitter aurait pu être ce moment. Cela n’a pas été le cas. C’est pas grave, ce sera pour la prochaine fois.

Car les gens sont des moutons crétins. Celleux partis de Twitter sont allés sur Bluesky juste parce que le marketing prétendait que c’était « décentralisés ». Et puis c’était nouveau tout en étant exactement pareil.

J’avais, à l’époque alerté sur le fait que Bluesky était aussi décentralisé que la cryptomonnaie Ripple : c’est-à-dire pas du tout.

À ce tarif, Facebook est également décentralisé : ben oui, leur infrastructure repose sur des serveurs redondants décentralisés. Vous croyez que j’exagère ?

Patatas vient de découvrir que l’équipe Bluesky travaille en secret sur des algorithmes pour cacher certaines réponses qui ne plaisent pas.

Et comme le dit Patatas, il y a bien des tentatives de créer des solutions indépendantes pour se connecter au réseau BS, mais, premièrement, c’est très compliqué et, deuxièmement, presque personne ne les utilisera et donc c’est comme si elles n’existaient pas.

Je le dis depuis 2023 : Bluesky n’est pas décentralisé et ne peut, pas sa conception même, pas l’être. Le protocole AT n’est qu’un écran de fumée pour faire croire aux programmeurs qui ne creusent pas trop que la décentralisation future est crédible. C’est un outil marketing.

Ces technologies qui attendent leur moment

C’est pareil pour le protocole XMPP, qui permet de chatter de manière décentralisée depuis 20 ans. Les gens préfèrent Whatsapp ? Pas grave, XMPP attendra d’être vraiment indispensable. Ou cette mode absurde de passer les salons de discussions sur des technologies propriétaires, y compris pour les communautés Open Source. Slack, Telegram maintenant Discord. La plus-value par rapport à un serveur IRC est à peu près nulle. C’est juste du marketing ! (oui, mais les émojis sont plus jolis… ta gueule !)

C’est aussi pour cela que j’aime tellement le réseau Gemini. C’est littéralement technopunk !

Quoi ? C’est compliqué ? Faut faire un effort ? C’est pas joli ? C’est élitiste ? Et tu crois qu’entretenir une crête colorée sur le sommet de son crâne, c’est à la portée de tout le monde ? Bien sûr qu’être technopunk ça demande un effort. Tu voudrais que tout soit facile, sans apprendre et joli justement dans l’esthétique à la mode que t’impose un marketeux défoncé ? Mais retourne dans les jupes de Zuckerberg !

Devoir apprendre et pouvoir apprendre sont des éléments indissociables de la low-tech !

La ligne de commande, ça aussi c’est punk. C’est pas joli, mais c’est hyper efficace : toute personne qui te voit utiliser ton ordinateur part en hurlant. Tes proches font venir un exorciste.

C’est pas pour rien que j’ai créé un navigateur web et gemini qui fonctionne en ligne de commande. Il s’appelle… Offpunk !

Oui, je lis les blogs et le web en ligne de commande. Rien à battre de vos polices de caractères choisies avec amour, de vos mises en pages CSS, de vos javascript pourris. On n’a de toute façon pas les mêmes goûts !

Punk et politique

La philosophie punk, opposition frontale au Thatcherisme, est indissociable de la politique. Et la technologie est complètement politique. Les GAFAM sont désormais complètement fascistes, comme le résume très bien mart-e.

Tu te disais ptêtre parfois que si t’avais vécu sous Pétain en 43, t’aurais été résistant. Ben si tu utilises les GAFAMs parce que plus facile/plus joli/tout le monde le fait/pas le choix, j’ai le regret de t’informer que non. T’es pas du tout résistant. En fait, tu es en train de mettre une affiche « travail - famille - patrie » sur la porte de ta maison. Exactement pour les mêmes raisons que ceux qui l’ont fait à l’époque.

Cyberpunk

C’est pas pour rien que le genre dystopique qui a accompagné l’essor d’Internet s’appelle… Cyberpunk. « Cyberpunk » est également le nom d’un récent essai d’Asma Mhalla qui décrit parfaitement la situation : nous vivons dans une dystopie fasciste avec une idéologie très assumée et si tu n’en ressens pas les effets, c’est juste que t’es pas encore dans les populations visées, que tu te plies bien à tout, que t’as ton petit compte Gmail, Whatsapp, Facebbok et Microsoft pour bien faire comme tout le monde en espérant que ta blancheur de peau, ton hétérosexualité cisgenre et ton compte en banque te permettent de passer entre les gouttes.

T’as essayé de n’avoir aucun de ces comptes ? De ne pas avoir un smartphone Apple ou Android ? Et bien tu verras comme de simples choses comme payer un ticket de bus ou ouvrir un compte en banque sont compliquèes, comme tu deviens un paria pour ne pas simplement obéir aux règles édictées par une poignée de multinationales fascistes !

À propos de cyberpunk, la version audio de mon roman Printeurs est désormais gratuite sur Les Mille Mondes :

Syfy le décrit comme « encore plus sombre et anticapitaliste » que le Neuromancien de Gibson. Et il est sous licence libre, disponible sur toutes les bonnes plateformes pirates. Parce que Fuck Ze System !

Bon, après, si t’es un bourgeois qui peut se permettre de lâcher une tite pièce, n’hésite pas à le commander chez ton libraire ou sur le site PVH.

Parce que les livres papiers et les libraires, ça, c’est vraiment hyper technopunk, mon adelphe !

Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) !

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